Après deux années difficiles chez Sauber, et une année passée comme troisième pilote à Maranello chez Ferrari, Gutierrez sut rebondir, un peu à la surprise générale, chez Haas F1 en 2016.
Le Mexicain trouva refuge dans la nouvelle équipe du plateau, qui démarra très fort son histoire avec deux arrivées dans les points consécutives.
Deux arrivées que l’on dut à Romain Grosjean, et à lui seul. Du reste sur toute l’année 2016, les 29 points de Haas furent uniquement marqués par le Français.
À sa défense, Gutierrez finit à 5 reprises à la 11e place, aux portes du top 10…
Cependant, ces 11e places consécutives ne suffirent pas à sauver son bilan aux yeux de Günther Steiner. L’ex directeur d’écurie de Haas n’eut ainsi aucune difficulté à remplacer Gutierrez par Kevin Magnussen en 2017. Le Mexicain s’en souvient…
« Romain est évidemment un pilote rapide, et j’ai été heureux de suivre son rythme en de nombreuses occasions, et j’ai très souvent fait preuve d’un très bon rythme par rapport à lui… »
« C’était frustrant d’être 11e à de très nombreuses reprises. Et il y a eu beaucoup de fois où j’étais sur le point de marquer des points et où j’ai eu des défaillances de freins ou des défaillances techniques et, vous savez, ça n’a pas marché. Il n’y avait pas de raison. »
« En fait, nous faisions tout ce que nous pouvions, le travail était fait, j’étais vraiment engagé, j’étais vraiment concentré. J’ai vraiment essayé de mettre cette frustration de côté parce que je savais que tout était une question de persévérance et que cela finirait par venir. Mais cela n’a pas été le cas. »
En coulisses, il y avait apparemment certaines intrigues politiques qui déplaisaient aussi à Gutierrez…
« La relation avec l’équipe ne fonctionnait pas dans l’ensemble. Il y avait des dynamiques internes avec lesquelles je ne me sentais pas vraiment à l’aise. »
« Et puis, bien sûr, il y avait l’aspect performance de l’argument de Guenther [Steiner] à la fin. Ça m’a beaucoup déçu lorsque je lui ai demandé : D’accord, pourquoi n’as-tu pas envisagé de me garder en tant que pilote ? Il m’a répondu : “Parce que tu n’as pas marqué de points”. »
« Et je me suis dit, ok, c’est une réponse décevante parce que ce n’est pas un argument valable quand j’ai été tant de fois 11ème et très proche des points. J’étais vraiment constant, rapide en course, rapide en qualifications et de nombreuses fois quand j’étais sur le point de marquer des points, [nous avons eu] des défaillances mécaniques. »
De pilote de développement de Mercedes à entrepreneur
Gutierrez se redirigea alors vers la Formule E, sans grand succès non plus. Il trouva finalement un nouveau rôle chez Mercedes F1 à partir de 2018. D’abord comme pilote de développement, pus comme ambassadeur de la marque en Amérique Latine.
Toto Wolff avait prévenu qu’en rejoignant Mercedes, Gutierrez ne serait pas haut placé dans la hiérarchie. “Je vais servir le café !” plaisantait à ce sujet l’ex-pilote Sauber.
Mais il apprit beaucoup notamment sur le plan de l’opérationnel, du business, du management. C’est ce qui le conduisit par la suite à lancer avec sa famille une entreprise d’acier durable.
« Lorsque je faisais partie de l’équipe (Mercedes), j’en ai profité pour examiner les différents secteurs de l’équipe, apprendre à connaître les différentes personnes, comprendre le fonctionnement d’une équipe championne du monde. Et ce fut une expérience incroyable. »
« Maintenant avec ma famille, nous faisons aussi de l’immobilier, nous investissons dans l’éducation dans les écoles, et puis avec mes entreprises personnelles, nous sommes en train de lancer un fonds d’investissement privé afin de continuer à investir et à acheter plus d’entreprises. »
« Mon expérience de pilote de course m’a permis d’avoir un point de vue sur de nombreux aspects de l’entreprise. »
« Je me suis toujours intéressé à l’aspect opérationnel de l’équipe. Je me suis toujours intéressé non seulement à l’aspect technique, mais aussi à l’aspect commercial, juridique et marketing. En réunissant tous ces éléments, j’ai beaucoup appris. »
« J’ai également beaucoup appris de Toto, de la combinaison des affaires et de la course et de son implication dans l’équipe de Formule 1, et il a été un grand mentor pour moi sur cet aspect. Dans une organisation très performante comme Mercedes, on peut ensuite transposer un grand nombre de ces valeurs et de ces attributs dans d’autres organisations. »
S’il est épanoui dans sa nouvelle vie d’entrepreneur, Gutierrez n’a-t-il pas cependant un sentiment d’inachevé en reconsidérant sa carrière F1, conclue avec un seul Grand Prix dans les points, au Japon en 2013 (7e place avec Sauber) ?
« Bien sûr, j’aurais aimé en faire plus, c’est mon aspect compétitif. Je ne suis pas satisfait de ce que j’ai accompli en Formule 1, mais j’en suis arrivé à un point où il m’a fallu beaucoup de force pour me dire : Voilà ce que j’aurais pu accomplir en Formule 1, je prends cela comme une expérience : J’ai appris beaucoup de choses. J’ai appris beaucoup de choses. J’ai tiré de nombreuses leçons de cette expérience. Quelle est ma nouvelle vision ? »
« Quand on est pilote de course, on a une vision très claire : J’aimerais être champion du monde de Formule 1. Et chaque jour, vous travaillez à la réalisation de cette vision. Mais lorsque vous vous rendez compte que ce n’est plus le cas, vous vous perdez. »
« Je ne suis peut-être pas parvenu à ce stade, mais j’ai atteint un très bon niveau ; je suis devenu l’un des 20 pilotes au monde et l’un des six Mexicains. »
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