Malgré un dernier Grand Prix du Canada calamiteux, le bilan de Frédéric Vasseur, cette saison chez Ferrari, reste très positif : Charles Leclerc et Carlos Sainz ont chacun remporté une victoire, et la Scuderia est ‘seulement’ à 49 points de Red Bull au classement des constructeurs.
Mais Ferrari doit jongler aussi entre le programme 2024, le programme 2025 et même avec la nouvelle ère réglementaire de 2026, qui demande déjà un travail de conception et de réflexion d’ampleur.
Tout cela donc, en luttant pour un titre mondial. On imagine que cela donne quelques migraines à Frédéric Vasseur. Alors, comment s’y prend-t-il ? Ferrari est-elle déjà concentrée sur la voiture de l’an prochain ?
« En termes de pourcentage, il est assez difficile de donner un chiffre exact. Une partie de l’équipe travaille sur les évolutions à venir cette saison, une autre se concentre déjà sur la voiture de l’année prochaine. Nous avons déjà commencé à travailler sur la voiture de 2025. En outre, nous travaillons actuellement sur l’unité de puissance 2026, tandis que pour le châssis et l’aérodynamique, nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses, car il n’y a pas encore de réglementation ferme de publiée. »
Justement, le règlement 2026 ne sera pas officialisé avant le 28 juin prochain. Or, les projets de règlement jusqu’ici dévoilés ont été déjà très critiqués, notamment par Red Bull. Ferrari se joindra-t-elle à la fronde ?
« Je commencerai par dire que je ne suis pas pressé de voir le règlement 2026. Si la FIA avait déjà tout finalisé aujourd’hui, deux ou trois équipes seraient probablement prêtes à mettre de côté cette saison et la prochaine pour se concentrer entièrement sur 2026, ce qui leur donnerait un énorme avantage. »
« Honnêtement, j’ai plaidé pour repousser la publication du règlement technique au mois d’octobre, car pendant cette période, nous serons encore concentrés sur les derniers développements de cette saison et de 2025. Mais nous ne pourrons pas travailler sur l’aérodynamique de 2026 avant le 1er janvier, et je pense que c’est une bonne chose car le vrai problème en termes de ressources, c’est l’aérodynamique. Ensuite, il y aura ceux qui décideront de se concentrer à 100 % sur 2026 à partir du 1er janvier, en renonçant à améliorer la voiture de 2025, mais ce sont des décisions qui varieront d’une équipe à l’autre. »
Même si Ferrari réussit son début d’année, à l’image de Charles Leclerc, Frédéric Vasseur est du genre à voir le verre à moitié vide.
Ainsi, quand le New York Times lui demande de faire le bilan de ce premier tiers de l’année, le Français demeure bougon, autocritique ou perfectionniste, au choix.
« L’un de mes défauts, du moins d’après ce que me dit ma femme, et je dois lui faire confiance, c’est que je me concentre toujours sur les points négatifs. »
« Probablement, c’est un aspect professionnel qui fait que j’essaie toujours d’obtenir le meilleur et d’améliorer nos points faibles, et je ne me concentre pas sur ce que je fais bien. »
« Parfois, ma femme me dit : “Il faut dire “bon travail” à quelqu’un”. C’est vrai que je ne suis pas le champion du monde pour ça. Je suis plus concentré sur les points que nous devons continuer à améliorer, pour avoir une meilleure réaction, une meilleure anticipation. Si nous avons une marge de progression, c’est là-dessus et je me concentre là-dessus. »
« Cela signifie qu’en tant que directeur d’écurie, je dois probablement être un peu plus positif avec tout le monde parfois. À la fin d’une course, par exemple, chaque fois qu’ils disent ’Bon, allons à la radio pour dire bravo et merci’, je suis concentré sur mon bazar et je me dis ’Oh, trop tard’. »
Serra et D’Ambrosio : quels seront leurs rôles exactement à Maranello ?
Frédéric Vasseur est tout de même en train de réussir le redressement de la Scuderia. Ferrari est par exemple devenue une des meilleures équipes sur l’opérationnel, loin devant Mercedes F1 par exemple.
Mais construire une équipe championne du monde prendra encore du temps, poursuit Vasseur (qui est arrivé il y a un an et demi à Maranello).
« C’est encore un peu tôt parce que dans une équipe de course, vous avez deux calendriers différents. »
« Il y a le recrutement des personnes, et c’est un processus très long parce que lorsque vous recrutez des personnes, elles rejoignent l’équipe 12 à 18 mois plus tard. »
« Il faut d’abord identifier les faiblesses, puis identifier les personnes et les recruter. Le processus global est un projet de deux ans. »
Parmi ces nouvelles personnes recrutées, il y a notamment Loïc Serra : un autre Français, venu de Mercedes F1, et qui sera, à Maranello, directeur de la performance liée au châssis. Une recrue de choix pour Frédéric Vasseur.
« Il nous rejoindra à la fin de l’année et travaillera sur la voiture de l’année prochaine. C’est typiquement du projet à moyen et long terme. »
Cela veut-il dire que Frédéric Vasseur a abandonné le ’court terme’ ?
« Sur le court terme, il s’agit plutôt de tout mettre ensemble, d’avoir un bon esprit d’équipe. C’est probablement la seule chose que l’on puisse faire à court terme, réorganiser certains départements, changer les gens, mais c’est plus une question d’état d’esprit au final. Nous l’avons fait assez rapidement l’année dernière et je pense que cela porte ses fruits. »
« Peut-être qu’en tant que directeur d’écurie, ce que vous pouvez changer rapidement, c’est un peu la mentalité ou la capacité à prendre des risques, la confiance en soi, cette sorte d’esprit d’équipe, appelons-le ainsi. Je pense que nous avons fait un bon pas en avant dans ce domaine. »
Quant à Jérôme D’Ambrosio, une autre recrue venue de Mercedes F1 (il officiait comme le second de Toto Wolff), quel sera aussi son rôle précisément ? Cela semble assez flou pour le moment…
« Jérôme ne remplacera personne, il sera une valeur ajoutée à l’équipe. Nous nous répartirons les différentes tâches, et il me soutiendra particulièrement. Même si j’espère que cela n’arrivera pas, il pourrait parfois me donner des coups de pied… et j’en ai besoin. Il a une grande expérience du sport automobile, du management au pilotage. »
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